Une femme est morte. Rien d’extraordinaire, me direz vous. Cela ne mérite pas un billet.
Et bien, si; je vais mettre les pieds dans le plat.
Ce qu’a subi cette femme est quelque chose d’inhumain, dont nous sommes responsables, vous et moi, la société à part entière d’aujourd’hui, cette société qui commence seulement à s’intéresser à la maltraitance des personnes âgées ou des handicapés.
Cette femme a commencé sa vie en foyer. Ce n’est pas le sujet de ce billet mais cela permet de dresser le tableau.
Par chance pour elle, à un moment de sa vie, une association d’entraide aux défavorisés lui trouve un petit appartement.
Un peu de bonheur pour elle à un moment de sa vie ?
Pas du tout.!
Une mort lente, horrible, annoncée mais non connue.
Une mort terrible, qui va durer trois années.
Car cette femme vient d’être retrouvée, morte, dans son appartement d’un petit immeuble, en plein centre ville, au bout de trois anas seulement.
Pendant trois années, cette femme va être considérée en vie.
Pendant trois ans personne, pas même son propriétaire, ne prendra de ses nouvelles, puisque le loyer continuera d’être honoré, par prélèvement, certainement.
Un jour, seulement, et l’histoire ne dit pas à quelle occasion, mais est ce vraiment important, cette femme sera retrouvée, sans vie, chez elle, morte depuis trois ans.
Tout repose sur notre nouvelle société.
Ce n’est pas la première fois que l’on retrouve une personne âgée, morte depuis quelques temps, sans que le voisinage ne s’en inquiète.
C’est cependant inquiétant, injuste, misérable, triste, et honteux.
Et nous ne faisons que commencer.
Nous en sommes à ne plus savoir ce que nous faisons ou devenons.
Nous sommes déjà une société en voie de décadence; une société qui s’étiole; une société qui se paupérise, et enfin une société déshumanisée, une société qui se déshumanise.
Il y a moins de 100 ans, que ce soit grâce aux concierges, aux maires et députés, aux voisins, à la messe, personne n’était absolument seul ou solitaire.
Il y avait toujours, quelquefois de manière exagérée, quelqu’un pour s’occuper de ce que vous faisiez. Vous ne pouviez guère cacher quoi que ce soit très longtemps.
Aujourd’hui, avec les nouveaux services multimédias, les nouvelles plateformes de réponses téléphonique, la disparition des services publics de proximité, les rapports entre personnes s’estompent et se désagrègent.
En particulier pour les personnes en situation de dé socialisation, de paupérisation, de précarité, de maladie handicapante ou invalidante.
Nous en arrivons à ces situations ou une personne peut continuer à vivre en étant morte. Et à toucher des subsides, parce que personne ne s’intéresse à vous.
C’est inacceptable. Des responsabilités, certainement, vont être engagées. On trouvera des lampistes, ou on étouffera l’affaire. Les réalités pratiques, économiques et financières, vont reprendre le dessus; et cette affaire va disparaitre rapidement de l’actualité.
C’est inacceptable. C’est surtout triste.
Allons nous accepter longtemps encore ce genre de drames ?